Le clan des siciliens

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Juillet 2013 – Lyon, France.

1541 kilomètres et un vol d’1h40 plus tard nous voici à Palerme, en Sicile. La chaleur nous saisit et nous plaçons sur nos têtes les fameux panamas achetés pour l’occasion que nous nous sommes coltinés sur nos genoux dans l’avion pour ne pas qu’ils soient écrasés par d’autres passagers peu précautionneux.

Nous arrivons à l’aéroport international de Palerme Falcone-Borsellino ainsi rebaptisé en mémoire des deux juges anti-mafia Giovanni Falcone et Paolo Borsellino assassinés en 1992.

L’aéroport est moche, presque comme tous les aéroports mais la belle bleue s’étend déjà sous nos yeux alors que nous faisons la queue auprès du loueur le moins organisé de la place (Maggiore). Notre voyage nous apprendra que mieux vaut avoir quelques rudiments d’italien (en plus d’une conduite assurée) car en Sicile, même dans le milieu du tourisme, l’anglais n’est pas toujours une langue pratiquée. Merci donc à ma prof d’italien de première et de terminale qui me permet, dans un italien approximatif mêlé de gestes et d’espagnol de me faire comprendre et d’enfin récupérer les clefs de notre familiale.

Tant pis pour le réchauffement de la planète, la clim est de mise.

Après quelques kilomètres d’un trafic intense, nous arrivons dans la très vivante Palerme, située dans l’ouest de la Sicile sur la côte nord et capitale de l’île. Cette ville incroyable, fondée aux alentours du VIIIè siècle avant JC par les phéniciens est déployée sur la Conca d’Oro, « coquille d’or », plaine réputée pour ses terres fertiles.

Ici, c’est le Grand Sud comme je l’aime, les palermitains parlent fort en gesticulant avec leurs mains, les draps sèchent un peu partout aux balcons des immeubles dans les ruelles étroites et pas vraiment propres. De petits camions vendent de ci de là des fruits, énormes pastèques juteuses ou pêches odorantes. Le trafic routier est incessant et le port du casque à vespa apparemment aléatoire.

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Palerme mixe la vie d’aujourd’hui et ses vestiges du passé avec ses églises et autres monuments issus de l’époque arabo normande, catalane ou baroque.

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Je m’attendais à être confrontée à des pickpockets en tous genres, ou à entendre des carabinieri en exercice arrêter les vieux parrains de la Mafia, mais la ville est tranquille et les siciliens affables et toujours en quête de vous rendre service sans rien attendre en retour.

Il y a le quartier du Shopping, plutôt concentré via Roma et via Ruggero Settimo où crise oblige, tout est à moins 70% en cette période de soldes, surtout les chaussures, où mes petites chéries vont me traîner pendant des heures avec mon consentement facilement obtenu, je l’avoue.

Il y a aussi les quartiers plus populaires ou historiques comme celui du marché Ballaro, proche de la cathédrale, où ça gouaille, ça chante, où se succèdent les étals d’espadon du jour et les petits escargots blancs qu’on achète à la louche tout cela avec la mise en valeur des olives et de la reine du marché : « il pomodoro », la tomate, magnifique, à 1€ du kilo et son inégalable pesto (pistou) parfumé.

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L’Homme fait un peu la gueule, ses nouvelles chaussures anglaises en daim beige clair trainent dans l’eau poissonneuse mais ça vaut le coup. Le marché est un mélange entre les souks d’Afrique du nord et le marché niçois. J’adore !

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A Palerme, on n’hésite pas à enchaîner les kilomètres et seules les chaussures s’en rendent compte. (J’ai tout bonnement jeté mes sandales à mon retour). Mieux vaut éviter les fameux piaggios multiplaces qui vous proposent à la tête du client, 100 € ou plus pour faire le tour de Palerme et de ses monuments. Certes, l’idée est sympa surtout si vous avez mal aux pieds, mais c’est un tarif plutôt prohibitif pour le service rendu car même après moult négociations, ils tracent et vous ne pouvez prendre aucun cliché digne de ce nom tant vous êtes secoués.

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Dans cette ville colorée, tout est à voir, découvrir comme ce restaurant que nous avons plébiscité :

‘A CUCCAGNA, à quelques pas de la via Roma, via Principe di Granatelli où l’on a savouré à trois reprises, les plus merveilleuses spécialités siciliennes, antipasti , pasta et gnocchi (les meilleurs du monde selon number 2 et number 3), accueillis par un personnel charmant et attachant qui parle français.

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Dans toutes les rues, des petites trattorias, restauration conviviale et familiale, offrent des plats « comme à la maison »et leurs fameuses pizzas. Et puis, entre 13h30 et 16h30, la ville brûlante et bruyante se fait plus calme, tout le monde profitant de l’institution incontournable qu’est la sieste ou file à Mondello.

Situé à la périphérie de Palerme, ce lieu a longtemps été considéré comme la plage préférée des palermitains. Elle s’étend sur un kilomètre, ses eaux sont cristallines mais son sable peu entretenu n’est pas très propre tout comme malheureusement toute la périphérie de Palerme qui a un vrai retard en matière de traitement des déchets. Seule la plage privée aux parasols jaunes est accessible, les deux autres étant réservée aux employés de l’armée et aux employés des bateaux de croisière qui jettent l’ancre à Palerme.

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LE CLAN nous a conviés au Mariage de l’année.

Loin d’être celui des siciliens, c’est celui de la famille Mouche, que j’affectionne tant et qui m’a adopté depuis plus de 20 ans, moi, l’Homme et mes number 1, 2 et 3 et qui nous invite à célébrer l’union de leur fils et de son épouse.

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Pourquoi Clan ? Quand on parle de ce mot c’est que l’on fait référence à un groupe relativement informel. Le Clan ressemble plutôt à une famille… mais à une famille élargie. La vraie famille y a une place de choix… Les oncles, tantes, cousins, les neveux, les parents et les enfants bien sûr en font partie. Mais aussi des amis, des proches, des collaborateurs… En gros des fidèles. Car toute cette logique clanique repose sur l’idée de fidélité : un sentiment un peu à l’ancienne, un contrat moral qui lie les membres clé du clan aux autres et vice et versa.

Plus de 250 français et leurs bambini sont attendus pour cet évènement qui s’étendra sur 5 jours nous faisant découvrir tour à tour, la Palerme historique avec son Palazzo Fatta et ses fresques extraordinaires au plafond, dans le cœur de la vieille ville, Scopello et sa tonnara, décor mythique et si privé du fameux film Ocean twelve, Seggeste, ses ruines et son fameux temple ou encore Castellamare del Golfo et son port de pêche.

Après une incroyable soirée colorée au Palazzo Fatta faite de retrouvailles et agrémentée de vino bianco et de mojitos avec les membres du clan, nous prenons la direction de Scopello à 70 km de Palerme pour y séjourner quelques jours et à nouveau y festoyer comme il se doit pour célébrer l’union qui nous rassemble.

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PALAZZO FATTA

Piazza Marina, 19, 90133 Palermo, Italie

Téléphone :+39 091 611 3972

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Un rocher rouge qui regarde vers l’est et qui fait face à la baie: ici se lève l’ancien village de Scopello (du grec Skopelos: rocher) à quelques kilomètres de la ville de Castellammare del Golfo, en province de Trapani. Un hameau du dix-septième siècle (de l’arabe «Bahal » cour). Entouré de quelques maisons, une petite place pavée, une fontaine en pierre et quelques boutiques. La soirée blanche a lieu sur la place. Les invités ne passent pas inaperçus vu le nombre. Les antipasti s’enchaînent, la pasta et le vino aussi et l’humeur est au bonheur et au rire.

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Je m’interroge : comment les siciliens peuvent ils être aussi minces avec tout ce qu’ils ingurgitent ? Antipasti uno, due, tre, quattro, cinque … e dopo la pasta uno, due …, il pesce (le poisson) poi le dolcezze (puis les douceurs)… Le marié nous a confié avoir annulé le plat de viande !

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Le jour d’après, la visite des ruines de Segeste nous projette plus de 2000 ans en arrière. Son temple, au coucher du soleil est une splendeur.

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Nous dinons dans un Agriturismo proche (mélange de gite rural combinant chambre et table d’hôte) au milieu des vignes. Le chemin d’accès est privé et long de plusieurs kilomètres. Certains s’y perdront même et contribueront à l’animation de la fin de soirée.

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AGRITURISMO TENUTE PISPISA SEGESTA

c/DA Pispisa 6 Calatafimi Segesta

Tél. : +39.33 84 120 567

Le lendemain la Tonnara di Scopello accueille les mariés et leurs invités dans la partie privative du domaine avec sa crique, sa terrasse et ses rochers dans un décor de blanc immaculé et de compositions florales.

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Des siècles de culture et de tradition maritimes habitent la « Tonnara di Scopello » lieu magnifique, magique et entouré d’histoire. La pêche au thon y était pratiquée bien avant l’arrivée des romains et, aux alentours de l’actuelle « Tonnara » s’etendait la mythique ville de « Cetaria », aujourd’hui disparue.

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La dernière pêche de la Tonnara de Scopello a eu lieu dans les années 80 et la mama qui nous accueille dans sa maison d’hôtes, toute proche, s’en souvient encore. « Il mare era di colore di sangue » (la mer était alors couleur de sang). Je préfère la voir si bleue aujourd’hui.
La « cialoma » (chant populaire des pêcheurs) résonne encore dans les entrepôts qui ont gardé leur simplicité et toute leur authenticité, férocement conservés par le propriétaire, amoureux du lieu.

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Dans cette ancienne pêcherie située dans un cadre de rochers -les fraglioni- on peut voir aussi les ancres retrouvées dans la zone de pêche.

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La résidence privée a servi de cadre à de nombreux films et de séances photos et c’est dans ce décor hors du temps, entouré d’une mer d’un vert émeraude, point de départ de la réserve de Zingaro, que les mariés heureux, accompagnés de leurs seize demoiselles d’honneur s’unissent dans la petite chapelle de la Tonnara puis sous une arche de fleurs devant la mer.

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Les invités sont en tenue de soirée et le décor est somptueux. Les demoiselles d’honneur ressemblent à de petites mariées dans leur robe de dentelle et de tulle et accompagnent la mariée souriante et resplendissante.

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A nouveau, le Clan s’unit autour des époux, se retrouve et célèbre comme il se doit cette journée hors du temps.

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Nous ne dormons pas à la Tonnara mais au Baglio Buccellato à seulement un petit kilomètre du lieu de la soirée.

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Il s’agit d’un Bed and Breakfast, situé à quelques pas de l’ancien village de Scopello où Nicola, Giusepina et la Mama de Nicola nous accueillent comme à la maison dans une ancienne demeure sicilienne historique entourée de lauriers, de bougainvilliers et de citronniers. Cette maison en bordure de la petite route qui mène à Scopello est située dans une ferme qui produit des fruits et légumes bio tout au long de l’année et qui possède également un petit supermarché typique ainsi qu’un bar restaurant. Ce bar/patisserie/restaurant ne paie pas de mine, pourtant je peux vous assurer que la cuisine faite comme à la maison, est une pure merveille. La Mama, Giusepina et Nicola sont charmants et ne savent que faire pour vous être agréable et vous faire découvrir leur région et leur cuisine dont ils sont si fiers. La maison est ouverte, comme chez vous, les chambres, certes à la décoration authentique, sont toutes climatisées (ce qui n’est pas un luxe) et vous pouvez, si vous le souhaitez, utiliser la piscine hors sol au milieu des citronniers pour divertir vos enfants, le barbecue extérieur ou encore la lingerie. Des milliers de petites hirondelles ont niché dans la cour de la maison et font bruisser, la nuit venue, les lauriers en fleurs.

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B&B BAGLIO BUCCELLATO

C/da Piano Vignazza, 91014 Castellammare del Golfo, Sicilia, Italia

Alors que beaucoup quittent la Sicile, les festivités du mariage se terminant, nous prolongeons nos vacances à Cefalù, station balnéaire de renommée internationale.

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Située sur la côte septentrionale de la Sicile, à environ 70 km de Palerme. Cefalù fait partie du territoire du Parc des Madonies. Elle est située au pied de la Rocca, un promontoire rocheux de 270 mètres de haut.

La ville, quasi intégralement piétonne, est charmante. La cathédrale est magnifique et admirer les reflets du soleil couchant sur ses édifices est un enchantement.

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Comme je n’ai trouvé aucun hôtel qui puisse nous accueillir en bord de mer, nous dormirons excentrés, à une cinquantaine de kilomètres à la Masseria Susafa.

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Nous séjournons, dans un l’agriturismo Masseria Susafa qui me semble à l’autre bout du monde tant il est isolé, à au moins 20 bonnes minutes du premier village. Mais le lieu, malgré la gestion approximative d’un manager italien qui gesticule beaucoup mais fait si peu, est magnifique, la vue à couper le souffle et la décoration soignée et moderne. Heureusement une jeune et jolie sicilienne polyglotte, Gabby, compense par son sourire et sa disponibilité les carences toutes masculines du directeur du lieu. La piscine est superbe et il y fait frais la nuit. Pour s’y rendre mieux avoir un GPS -c’est certain- car l’Homme qui n’écoute que son instinct de mâle au volant est sortit de l’autoroute trop tôt et nous a offert un tour complet de la montagne de plus d’1h20 et pourtant, nous avions mon Tom Tom !

Retour vers la France…

Le Clan a eu bien du mal à se séparer… nostalgiques, des groupes se reforment en fonction de leurs implantations géographiques et prennent plaisir à se retrouver pour prolonger la magie du moment. Certains sont repartis plus loin pour la Réunion (hein la Caillasse !), pour Singapour (Hein Marguerite !) ou ailleurs…

L’été continue … et je souris en défaisant nos valises en pensant que dans moins de trois semaines, nous serons à nouveau réunis avec certains, quelque part sur une plage de galets de la Méditerranée.

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Lunga vita al Clan della famiglia Mouche !

7 réflexions au sujet de « Le clan des siciliens »

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