Question de générations ?

x y z

Chaque génération est le reflet de l’époque qui l’a vue grandir.
Alors que nous, parents baby boomers, nostalgiques des chaussettes Burlingtons, des Rita Mitsouko et du Concorde que nous n’avons jamais eu le temps de prendre, partageons notre vie avec number 1 (22 ans), number 2 (16 ans), number 3 (13 ans) et number 4 (8 ans), je ne cesse de m’interroger sur la difficulté à réussir chaque jour à faire cohabiter et se comprendre sous le même toit et en harmonie (là est toute la difficulté) les représentants de trois générations distinctes :

La génération X dont nous sommes l’homme et moi (puisque nous sommes nés entre 1960 et 1981),

la génération Y personnifiée par number 1 (elle concerne les individus nés entre 1982 et 1995, également appelés les « Wai » qui selon la phonétique anglaise s’apparente au « Why » sensés, Dieu merci, être sortis de l’adolescence mais qui parfois se sont transformés en « Tanguys »)

et la génération Z c’est-à-dire nos trois dernières filles nées après 1996 qu’on appelle aussi « la nouvelle génération silencieuse » mais qui, à l’instar des Y qui demandent à longueur de champ « pourquoi », répondent déjà sans ciller « par ce que ».

Force est de constater que nous sommes définitivement passés, au regard des générations Y et Z – et en cela ils se retrouvent- vers le côté obscur de la force et que nous appartenons désormais aux yeux de nos trois derniers numéros à la population des vieux cons ceux « qui ne peuvent pas comprendre ». Que dire alors des grands-parents et de leur arrière Grand-père de presque 101 ans, représentant d’un autre monde marqué par la guerre, qui s’est construit sur des valeurs comme celle de la loyauté et du sens du devoir ?

Nous X, avons eu de nombreux choix de vie, de réelles opportunités professionnelles et une volonté de nous valoriser socialement grâce à notre carrière. Nous avons ainsi traqué les responsabilités et avons eu comme moteur principal l’envie de nous développer, d’apprendre, de relever des défis tout en tentant de nous épanouir grâce à un équilibre entre job et famille, pas toujours atteint et souvent marqué par le divorce, il faut bien le reconnaitre.
Avec nos enfants, même si nous avons avec force établi des règles d’utilisation de bon sens quant au numérique, nous avons à lutter quotidiennement.
Alors que je tente de partager une VRAIE conversation avec number 2 sur le sens de la vie, des vibrations intempestives liées à l’arrivée de SMS à peu près toutes les deux secondes ponctuent nos tentatives d’échanges. Si je suggère d’éteindre ledit téléphone, je sais par avance que l’attention est perdue ce qui met fin à notre discussion. Nos enfants sont nés dans le monde de l’ordinateur personnel, du téléphone portable et de l’internet, pire ils n’ont connu que le web collaboratif 2.0 et leur évolution est donc radicalement différente de la nôtre, notamment en termes de comportement et plus précisément de communication puisque leur téléphone est un espèce de cordon virtuel qui les relie 24h/24 à leur groupe de copains et à notre société.

Allez expliquer à un ado que lorsque vous aviez 18 ans, vous aviez DE LA CHANCE de ne pas être pollué(e)d’écrans parce que vous, vous sortiez, vous alliez au ciné, vous dévoriez des bouquins, (ce qui vous aide aujourd’hui à écrire en français), vous refaisiez le monde avec vos amis en leur compagnie et pas seulement sur Facebook et découvriez l’amour en même temps que votre partenaire qui n’avait pas eu ni l’occasion, ni l’envie, d’aller s’instruire sur You Porn avant de vous faire l’amour pour la première fois.

Les générations Y et Z s’en foutent. Elles se définissent notamment par l’hyperconsommation et une hyper sexualisation décomplexée puisque rendue plus facile par le virtuel.
Si pour nous, même sans être « cathos intégristes », les valeurs morales restent le pilier central de notre éducation, les générations Y et Z, malgré nos efforts a-char-nés, considèrent comme acquises et dépassées les transformations morales des années 60 et 70. Les deux générations ont de cela en commun que « le Moi » est la seule chose qui compte, c’est pour cela qu’on les appelle aussi la génération M (« M » pour Me, Myself and I). Avec eux, c’est je veux tout, tout de suite et maintenant. Inutile d’user votre salive pour tenter d’expliquer les vertus de l’attente et le plaisir que l’on a à obtenir quelque chose que l’on a vraiment désiré, longtemps. (Longtemps comment ?). Ils n’ont jamais connu ça. D’ailleurs, avez-vous vraiment remarqué combien vos enfants ont du mal à établir une liste de ce qu’ils désirent vraiment ?
Ardu également de leur faire comprendre que la famille représente une communauté, un groupe dans lequel ils doivent s’inscrire et s’engager de façon participative avec altruisme (avec « al » qui ?). « J’ai déjà vidé le lave vaisselle, il y a TROIS jours pourquoi est ce ENCORE moi qui devrait le faire ? » et nous de leur répondre, stoïques: « Peut être par ce qu’on mange trois fois par jour et que le lave vaisselle tourne quant à lui deux fois par jour soit 14 fois par semaine ? »
Quand à la ponctualité et les marques traditionnelles de courtoisie, elles apparaissent aujourd’hui totalement désuètes.
De même, nos charmants Yers et Zers vivent dans l’immédiateté alors que nous, conscient du temps (réduit) qu’il nous reste, n’avons de cesse d’optimiser ce dernier.
Leur sport favori ? Et en cela Y et Z se rejoignent également : la remise en cause systématique des contraintes qui leur sont imposées et un réel questionnement envers l’autorité. Que la première mère qui n’a pas été usée par une « négo » avec son ado, voir son pré-ado lève la main. « Mais pourquoi je ne peux pas aller dormir chez Nicolas ? (comprenez un ado garçon mis en émoi par le pic de ses hormones). Non, tu ne le connais pas mais il est hyper cool et il fait une soirée méga branchée ! TOUT LE MONDE y va et les soirées aujourd’hui ça commence à minuit » et vous de répondre « Euh, juste par ce que je ne le connais pas, ni lui, ni ses parents et que tu n’as que 15 ans et que minuit serait peut être justement l’heure à laquelle j’aurais envie de venir te chercher. Puis-je appeler ses parents pour en savoir un peu plus ? »
Au regard horrifié de votre cadette, vous comprenez que la question n’est même pas envisageable sauf à ce qu’elle soit instantanément terrassée là, devant vous, par la honte, celle dont on ne se relève pas.
Vous voici donc « Relou » pour les plus grandes et tout juste « méchant(e) » pour votre petite dernière de 8 ans qui elle, ne comprend pas pourquoi vous lui dites que non, vous n’achèterez pas 2 places de concert à 250 € l’unité (il faut bien l’accompagner) pour aller voir l’hystéro ibérique se trémousser à 200 kilomètres de chez vous, j’ai nommé, le dernier « produit » Disney qui vous sort par les yeux: Violetta.

Pour la génération Y qui se retrouve à présent en entreprise, celle là même qui devrait représenter, selon l’INSEE, 40% de la population active en France en 2015, (good luck « les vieux »), c’est pareil. Difficile de leur faire exécuter une tâche ou une mission, voir un ordre (Quoiii ? un ordre ?) si le ou la charmant(e) Y n’en comprend ni le bien fondé ni la raison. Il ou elle va sans cesse argumenter et ainsi souvent épuiser le représentant de la génération X, souvent encadrant, qui a pour lui, d’avoir en général le sens des valeurs, de la hiérarchie et un sentiment fort d’appartenance à sa société. Enfin, il ou elle a du mal à faire la différence entre vie personnelle et vie professionnelle et cela peut aussi polluer l’atmosphère de travail et les relations entre collègues. Ce point crucial est donc souvent la genèse des conflits en entreprise. De même, La stabilité dans l’emploi qui auparavant attirait le respect est désormais vécue par les jeunes comme une marque d’immobilisme et traduit un manque d’ambition. Changer pour obtenir mieux, gagner plus, évoluer plus vite tel est leur credo…
A nous donc, pauvres X que nous sommes, de passer notre temps à définir avec diplomatie et pondération auprès des exigeants Y, qui n’aiment ni la routine ni la hiérarchie, des règles, des contrats précis, assis sur les valeurs de confiance et du respect de la parole donnée.
Pourtant, on en a fait des efforts et nous aussi nous sommes mis à la page. Ils sont loin nos premiers cours d’informatique à la Fac où l’on programmait du DOS en vert sur des écrans rébarbatifs. Désormais, on est sur Facebook, Twitter, Pinterest, Instagram et tout comme ces charmants Y et Z, on a parfois un iPhone, iPod, iPad, iTouch et je ne sais quel autre « i » qui nous bouffent littéralement des heures sur notre journée. Nous aussi on consomme et on collabore sur le net (ne suis-je pas blogueuse ?), avec sans doute, plus de retenue et de précaution.
On a pour nous de vivre une seconde tranche de vie qui n’a plus rien à voir avec la première dont je vous avoue être tout de même à bien des égards nostalgique, et de pouvoir nous rendre compte des bienfaits de ces nouveaux outils (exit l’encyclopédie Universalis en 25 volumes) mais aussi de leurs côtés pervers, chronophages et même parfois des dangers qu’ils peuvent représenter pour nos charmantes têtes blondes à devoir jongler entre un réel et un virtuel qui parfois se confondent.
Forts de notre expérience, on avance pour se maintenir dans la société et on continue d’ouvrir le chemin pour guider notre progéniture qui n’a jamais connu un monde sans sida, (ni d’ailleurs la machine à écrire) vers le meilleur chemin possible d’une destinée qu’on espère heureuse.

Bonne chance.
Oserai-je vous l’avouer ? Parfois, j’ai envie de faire une fugue.

« Chaque génération se croit plus intelligente que la précédente et plus sage que la suivante. »
George Orwell, Écrivain

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